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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/158

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Quant à l’argent… Ah ! l’argent ! il m’avait coûté cher ! Écoute bien : la poire est mûre chez le baron Schwartz ; je crois que je verrai encore cette affaire-là : ce sera ma dernière. Il n’a plus rien à moi… T’ai-je dit où était l’argent de la Camorra ?… va aux ruines de la Merci… tu le trouveras dans… »

Un second tressaillement plus brusque agita ses membres.

« Je le trouverai ! Dans quoi ? » répéta la comtesse.

Le colonel ne répondit point. Il avait les yeux et la bouche grands ouverts.

Elle lui tâta le cœur.

Puis elle fit le signe de la croix avant de décrocher un petit crucifix d’ébène suspendu à la muraille.

Elle déposa le crucifix sur les couvertures.

Ce devoir accompli, elle traversa la chambre d’un pas ferme, et dit à la religieuse qui veillait dans la pièce voisine :

« Ma sœur, le colonel Bozzo-Corona est mort. »

L’instant d’après, sa calèche roulait sans bruit sur la paille étendue au-devant de l’hôtel.

Au moment où la religieuse se levait pour entrer dans la chambre du mort, une main enveloppée d’un mouchoir de soie brisa un carreau de la fenêtre donnant sur le balcon et passa au travers pour tourner vivement l’espagnolette. C’était une main preste et sachant son métier.

La fenêtre s’ouvrit ; un homme masqué sauta du balcon sur le parquet.

Il s’approcha du lit et arracha le bouton qui serrait la chemise du mort autour de son cou amaigri, découvrant ainsi la poitrine et les épaules.

Pendant les quelques secondes que dépensa ce travail exécuté avec adresse et assurance, les trois portes