Aller au contenu

Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle resta tout ce jour enfermée dans sa chambre à lire et à relire. Le soir, elle partit pour le pays de Madeleine. À la voir, on eût dit qu’elle avait fait une longue maladie.

L’enfant n’était plus chez Madeleine. On avait volé l’enfant deux semaines après le mariage de Mme Schwartz, que la bonne nourrice appelait toujours Mme Maynotte.

Julie eut chez Madeleine le récit de la visite d’André, revenant de Jersey.

De retour à Paris, elle garda la chambre plusieurs mois durant.

Depuis lors, on la vit toujours pâle et triste.

Elle souffrait, disait-elle, et les habiles médecins qui avaient soin d’elle conseillèrent gravement à son mari de la distraire.

Le paquet contenait la série entière de ces pauvres lettres, confiées par André Maynotte à M. Schwartz, lors du voyage à Jersey entrepris par ce dernier à la poursuite d’un débiteur insolvable.

De la part de M. Schwartz, tel que nous le connaissons, y avait-il eu trahison ou seulement négligence égoïste ? Nous savons qu’André, persécuté par la crainte de mettre la justice sur les traces de Julie, n’avait point livré son secret. En ceci, comme en toute chose, M. Schwartz, moitié chair, moitié poisson, ne devait être ni complètement innocent, ni tout à fait coupable…

Ce fut M. Lecoq qui reprit le premier la parole.

« Je ne suis pas de ceux qui méprisent inconsidérément ce moyen-là : se brûler la cervelle, dit-il. Quand le rouleau est à bout et, qu’en se tâtant bien, on trouve de la tête aux pieds chair de poule mouillée, écoutez donc, ma foi, un coup de pistolet peut arranger les choses. Mais c’est bête. »