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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/225

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« Pour sa fille ! répéta M. Lecoq, c’est juste… mais pour elle aussi, un petit peu. »

Le regard qu’elle lui jeta lui fit baisser les yeux.

« S’il se fût agi autrefois de l’échafaud, prononça-t-elle lentement et tout bas, mais de cet accent qui scande chaque syllabe mieux que ne ferait un cri, j’étais prête, je le jure, prête à mourir avec André. J’ai mérité pourtant d’être insultée par vous, car j’ai été lâche… lâche contre la pensée de la prison, plus dure que la mort même, lâche contre la pensée de vivre avec la honte ! »

Deux larmes s’échappèrent de ses yeux et roulèrent sur sa joue.

La gorge de l’estropié eut un râle sourd.

M. Lecoq se frotta les mains tout à coup en homme qui a une bonne idée.

« Ma foi, dit-il, ce n’a pas été sans peine ; mais il me semble que nous voilà tous d’accord ! »

Et comme les regards des époux l’interrogeaient, il ajouta :

« Nous sommes dimanche, je propose de fixer le départ à mercredi.

— Sitôt ! balbutia le banquier.

— Je veux que la fortune de mon fils soit solidement assurée, » stipula la baronne.

M. Schwartz reprit :

« J’ai d’immenses ressources. Je n’ai jamais fait de mal. Avant d’en arriver à une extrémité pareille…

— Allons ! l’interrompit Lecoq avec résignation. Il faut recommencer : voici derechef et en réitérant le bordereau de votre situation : cas de bigamie, qui demain peut être notoire, ceci, indivis entre vous deux. Du côté de Mme la baronne, treize ans à courir pour compléter la prescription de l’arrêt de la cour royale