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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/226

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de Caen. Du côté de M. le baron, voyons. Allons-nous faire la chasse aux présomptions ? Le gibier ne manquera pas, au moins. J’ai vu des cas où les présomptions… Hé ! après tout, il n’y avait que des présomptions contre Michel Maynotte. Comptons sur nos doigts : présence de M. J. B. Schwartz à Caen, la nuit du 14 juin 1825, mensonge glissé par ledit à l’oreille de son homonyme le commissaire de police, somme reçue dans le chemin creux, départ dans la même voiture que la femme du condamné Maynotte : une belle créature qui, si l’on en croit l’arrêt de la cour, dut emporter dans sa poche les quatre cent mille francs de la caisse Bancelle ; mariage subséquent de ce monsieur et de cette dame. Reconnaissance par monsieur à madame de quatre cent mille francs. Le chiffre est rond et joli… hé ? »

Ici, Lecoq s’interrompit tout à coup, parce que le baron de Schwartz avait un pâle et froid sourire. On l’attaquait à une place où sa conscience n’était point vulnérable.

« Oh ! oh ! fit Lecoq, temps, argent ! nous faisons fausse route. Ce n’est pas ainsi qu’il faut parler à un gaillard de votre force ! mettez que je n’aie rien dit et reprenons : du côté de M. le baron, morbleu ! néant ! j’entre dans sa façon de raisonner. Le jour n’est pas plus pur que le fond de son cœur. Où diable avait-je l’esprit ? seulement il y a la comtesse Corona et ce luron de Gaillardbois, sans me compter, et si on ne m’écoute pas, il faudra bien me compter. L’accusation au criminel tombera d’elle-même, parbleu ! contre les gros millions, les présomptions sont de trop petites demoiselles. Et pour ce qui regarde le colonel, je vous demande un peu ! Est-on forcé de savoir que les Habits Noirs ne sont pas des êtres fantastiques, et que le chef