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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/244

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fermé stationnait à l’entrée de la ruelle à vingt-cinq pas environ du faubourg vers lequel la tête du cheval restait tournée. Il pouvait être quatre heures du matin. Le cocher, enveloppé dans son manteau, dormait.

Ce coupé mérite attention, non pas seulement à cause du lieu et de l’heure.

Il était arrivé depuis vingt minutes. Une femme en était descendue, ordonnant au cocher de tourner son cheval et de l’attendre. Elle semblait jeune sous son voile. Sa mise était d’une élégante simplicité. Elle avait pris la ruelle à pied et disparu au tournant voisin.

Quelques secondes auparavant, à l’instant où le coupé sortait du faubourg pour entrer dans la ruelle, un homme, qui n’était pas un valet de pied, avait sauté lestement du siège de derrière sur le pavé.

Cet homme, depuis lors, caché à l’angle de la ruelle, semblait guetter le cocher.

Celui-ci s’étant arrangé pour sommeiller, car le voisinage d’une grande voie de communication éloignait de lui toute crainte, l’autre s’approcha du coupé avec précaution, ouvrit sans bruit la portière et fit usage d’une extrême adresse pour se glisser à l’intérieur sans produire aucun choc. Une fois maître de la place, il referma doucement la portière. Tout redevint silencieux et immobile.

Vers ce même instant, à l’extrémité opposée de la ruelle, une lueur rougeâtre brillait, malgré l’heure nocturne, à la fenêtre d’une pauvre forge, voisine de ce fameux estaminet de l’Épi-Scié, qui ne dormait pas non plus, car ses contrevents clos laissaient sourdre des murmures confus, dominés par le bruit sec et discret des deux billes qui se choquent sur le tapis où l’on joue la poule.

La porte de la forge s’ouvrit ; un couple sortit, qui