Aller au contenu

Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Parfois, ces filles des ardeurs méridionales ont en elles une réponse aux questions les plus diverses. Leur sang bout ; il y a du feu dans leurs veines.

L’histoire telle qu’elle est ne dit pas cela. Elle est plus éloignée encore de le nier.

L’histoire montre une étrange, une belle créature qui passe, comme je laisse passer la comtesse Corona dans ces pages.

La femme légitime d’un bandit, du plus abandonné de tous les bandits, convives de cette ténébreuse Table-Ronde, le plus vicieux, le plus misérable, parce qu’il était tombé de plus haut : la comtesse était cela ; pourquoi ? Comment cette fillette hardie et presque héroïque avait-elle donné sa main au valet de Toulonnais-l’Amitié qu’elle mettait si audacieusement sous ses pieds ?

À l’époque où notre petite Fanchette devint une admirable femme, le comte Corona était jeune encore et très beau. Il ne reculait devant rien. Et M. Lecoq avait plus d’un talent.

Il y eut un système de perdition, organisé savamment. Fanchette n’avait ni famille ni conseils. Quand elle retrouva le seul homme vers qui son cœur d’enfant se fût élancé avec force, elle était la comtesse Corona. Plus tard, on jouait chez elle, et Michel, adolescent… mais que nous importe ? Le hasard a ses lamentables victimes.

Laissons un lambeau de voile à cette fière et mélancolique beauté.

Et que l’ombre, ce bénéfice des fugitives visions, l’enveloppe…

C’était une nuit d’équinoxe, chaude mais tourmentée. De grands nuages rapides passaient sur la lune qui allait élargissant à l’horizon son disque, entamé par le