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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/264

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C’était précisément ce que voulait Saladin, et tout de suite : du lolo.

Combien de fois les vœux d’Échalot n’avaient-ils pas appelé ce miracle : un changement de sexe ! Combien de fois, trompé par un songe sublime, ne s’était-il pas vu entr’ouvrant sa veste de pharmacien, pour donner le sein au petit ! Dans les promenades, il regardait les nourrices avec envie. Et par une attendrissante association d’idées, il contemplait aussi les militaires avec plaisir, parce que ces braves sont l’amusement des nourrices. Sublime ! avons-nous dit, en parlant d’Échalot qui voulait se faire brigand et qui ne pouvait pas ! Sur le bûcher, nous maintiendrions le mot. Échalot était sublime !

Et vous ne trouverez, en aucun coin du globe, des bêtes aussi curieuses que celles de la forêt de Paris !

« Do, do ! l’enfant do ! Papa Amédée est brusque comme ça, quand les affaires va mal, mais il a bon cœur, biribi, bibi, bibi, bibi, ah ! mon ami chéri, carabi, oui ! »

Il élevait Saladin au-dessus de sa tête et le faisait redescendre vivement. C’est un joli jeu pour les enfants repus. Saladin, tout mièvre qu’il était, avait un creux solide. Il vociférait avec une abondance nouvelle, et les oreilles du triste Échalot tintaient.

Ce fut seulement au bout d’une bonne demi-heure qu’il se fâcha.

« Petit filou, dit-il en le déposant par terre, je vas m’asseoir dessus toi, parole d’honneur ! Ça m’énerve de t’entendre ! puisqu’on t’en fait le serment qu’on n’a rien dans les mains, rien dans les poches, tu vas taire ton bec ! une fois… deux fois !… »

Saladin n’en hurlait que mieux.

« Eh bien ! s’écria Échalot, renonçant à l’idée de