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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/295

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Il lança par terre Saladin, qui n’en pouvait mais et qui protesta par une clameur désespérée.

Mais Échalot ne l’écoutait pas. Il retroussait ses manches, promenant autour de lui un regard chevaleresque.

« Comme quoi, dit-il, je jure ma parole sacrée que je vas descendre le maladroit qu’a commis cet épouvantable forfait !

— En voici une qui se récupère ! » s’écria joyeusement Similor, en soulevant la tête d’Edmée, qui venait de pousser un soupir.

Échalot mit ses mains sur son cœur, et dit du fond de l’âme :

« Si on pouvait leur sauver la vie, au prix de notre salut éternel ! »

Allez ! le ridicule n’y fait rien, et c’étaient de belles larmes que le pauvre grotesque avait sur la joue.

Deux hommes venaient de se rencontrer non loin de là et se cachaient à l’angle de la maison qui terminait le boulevard au lieu dit : la Galiote. L’un d’eux était Cocotte ; l’autre était l’assassin que nous avons vu s’introduire dans le coupé de la comtesse Corona, pendant que le cocher Battista dormait.

Celui-là était un grand jeune homme pâle, à la tournure élégante, au visage admirablement beau, mais ruiné et comme dégradé par une profonde chute morale.

« Ma femme était forte, dit-il à son compagnon, qui sortait de l’Épi-Scié. Je me suis donné beaucoup de mal pour rien : elle n’avait pas le scapulaire. »

Cocotte tremblait : ce n’était pas un meurtrier.

« Tu sais, reprit le comte qui réparait froidement le désordre de sa toilette : affaire de jalousie, au fond… je me suis vengé… Ce sont ces deux-là qui auront fait le coup. ».

Il montrait Échalot et Similor.