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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/314

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et coquet, sur le derrière, entre la magnifique cour et le jardin splendide. Des deux côtés de la cour, les écuries et remises à droite, les offices à gauche, les uns et les autres surmontés d’étages à galeries reliant les deux bâtiments principaux.

Ce fameux mercredi, vers le milieu de la journée, les bureaux fonctionnaient comme si de rien n’eût été ; M. Champion faisait sa caisse courante à l’entre-sol, un peu formalisé de ce que le patron eût pris la peine, depuis trois jours, de se mettre à son lieu et place pour des rentrées de fonds très considérables dont le remploi était pour lui un mystère. Il avait dit le matin même à sa femme, en ce moment d’expansion qui suit le réveil :

« Il était bon, le poisson de dimanche, hein, Céleste ? »

Et sur la réponse affirmative de Mme Champion, il avait ajouté :

« On a des envieux dans toutes les parties. Je ne suppose pas que les cachotteries du patron soient l’aurore d’un remercîment, car la maison Schwartz ne peut se passer d’un homme tel que moi. Nonobstant, c’est cocasse. Monsieur m’a repris les clefs de la grande caisse qui doit contenir des réalisations tout à fait inusitées. Ce ne peut pas être un coup de Bourse, car il peut toujours opérer à découvert, dans la position qu’il a. J’ai songé à un emprunt non classé. Cet homme-là sera ministre… Mais tu ne saurais croire, Céleste, les jaloux que m’attire mon succès à la ligne.

— Il n’y a pas beaucoup de pêcheurs de ta force, » répondit Céleste, qui gardait, en accumulant des lâchetés, la paix de son ménage.

Elle se faisait une formidable toilette pour le bal du soir, auquel devait assister maître Léonide Denis, no-