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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/322

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« Quoi qu’il puisse arriver du côté de Michel, de Blanche, de Maurice, d’Edmée, je les connais tous et je les aime, ne bougez pas. Je suis là, je veille, je réponds de tout, sauf du mouvement imprudent qui livrerait un de vos membres aux dents de la mécanique.

« Ne vous inquiétez pas de Michel surtout. C’est un lion, celui-là. Il a fallu l’enchaîner et le museler.

« Vous me verrez cette nuit… »

La baronne Schwartz s’arrêta parce qu’une discussion bruyante avait lieu dans son antichambre. La porte s’ouvrit et Michel entra, le visage rougi par une course forcée, et les cheveux baignés de sueur.

« Je savais bien que je trouverais tout le monde ici ! s’écria-t-il. On ne voulait pas me laisser passer, mais rien ne me résiste aujourd’hui… te voilà installé toi, fiancé ? »

Il adressa un signe de tête souriant à Maurice, baisa la main de sa mère et toucha de ses lèvres le front d’Edmée.

La baronne ne put retenir un sourire, tant cela ressemblait à une famille.

« Blanche ne nous manquera plus demain ! pensa-t-elle tout haut.

— Je vous dérange ? reprit Michel. Je ne suis pas de vos secrets. Je vais vous dire les miens : je sors de prison.

— De prison ! répétèrent la baronne et Edmée.

— Sainte-Pélagie, où j’avais été inséré de très bonne heure par les soins de ce bon M. Bruneau et de sa digne associée, Mme la comtesse Corona. Que leur ai-je fait à ces deux-là, le savez-vous, ma mère ?

— Non, répondit la baronne ; je l’ignore. »