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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/340

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que cela, mais depuis onze heures les équipages passaient, passaient toujours, entrant dans cette cour fleurie, versant sous l’admirable marquise du perron leur contenu de femmes, de diamants, de fleurs, et ressortant pour faire place à d’autres équipages.

Les curieux se tordaient le cou. De temps en temps, un nom célèbre dans l’art, dans la politique ou dans la finance était prononcé.

Alors il se faisait une petite convulsion dans la cohue. Personne ne voyait, mais chacun disait son avis sur cette figure devinée.

Parmi ces innocents et ces oisifs, cependant, un mystérieux travail se faisait, le travail préparé par Trois-Pattes à l’estaminet de l’Épi-Scié. Un homme vint à pied au bal de M. le baron Schwartz, le seul peut-être, et son nom prononcé par Rifflard mit en émoi jusqu’aux sergents de ville qui dépêchèrent un exprès à la Préfecture.

Rifflard, neveu du concierge de l’hôtel, était à son poste. Il dit comme c’était son devoir :

« C’est drôle de voir un oiseau pareil entrer chez les maîtres ! »

Et, dans la rue, les nos de 2 à 8, hommes et femmes, répétèrent le nom de M. Bruneau, expliquèrent son humble position sociale et s’étonnèrent à grand bruit.

Sans bruit, au contraire et à la faveur de quelque fluctuation dans la foule, le même Rifflard avait déjà introduit pour M. Champion, Échalot qui laissa Saladin dans l’armoire de la concierge, puis, pour Mme Champion, Similor, muni d’un costume honorable, faisant valoir ses dons naturels, puis les nos 11 et 12, M. Ernest et Mlle Mazagran, chargés du garçon de caisse, après le départ des deux vieux époux.

Tout allait. On avait amplement parlé de Michel,