Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/341

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d’Étienne et de Maurice ; ces cancans intéressaient assez les badauds pour que ces mêmes badauds fissent à l’heure donnée d’excellents témoins ; les invités de Trois-Pattes étaient entrés (nos de 20 à 30) et un bonhomme qui portait sur son dos une boîte de lanterne magique, avait eu déjà deux ou trois disputes à cause de l’incommodité de son instrument. Les nos 30 à 40, vous savez qu’ils étaient aux fenêtres.

Tout allait donc au dehors. Au dedans… soyez tranquilles ! vous n’aurez pas beaucoup de descriptions. Nous sauterons par dessus les merveilles de l’escalier et nous ne ferons que mentionner les enchantements des salons. Ce n’est pas clémence de notre part, c’est que, en réalité, dans la maison Schwartz, il n’y avait pas grand’chose à peindre. Le million, pris isolément, n’est pas à l’abri d’avoir de ces imaginations burlesques ou lourdement cossues, destinées à écraser ceux qui ne sont pas millions. Mais d’abord, il y avait Mme Schwartz, dont le tact exquis était ici une sauvegarde, ensuite, le poète Sensitive, expert blond et crochu qui fait métier, voici plus de trente ans, de vendre du goût courant aux profanes, comblés par l’aveugle fortune.

Sensitive a un goût marchand qu’il tire au nombre voulu d’exemplaires. Ce goût, irréprochable d’ailleurs, tue du même coup les délicates originalités de Mme Schwartz et les grossiers solécismes de M. Schwartz. C’est un goût qui s’apprend et sert à brocanter l’art au cours du jour ; il produit des choses qui ne se décrivent point, parce qu’elles sont à tout le monde.

Mais c’est toujours charmant, ces vastes salons qui ont pour plafonds des ciels pleins d’Amours et de roses ; ces lambris blancs, zébrés de grêles filets d’or ; ces glaces énormes, reflétant la cohue splendide et mêlant, mouvantes girandoles, les mille étincelles que le lustre