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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/343

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d’Études, comme ils disent. Vous n’avez pas assez regardé. Est-il sage, cependant, quand on a de bons yeux, d’ajouter foi aux rancunes envenimées d’une paire de besicles ? Pourquoi tant de chères perfections cacheraient-elles toujours un misérable abîme ?

Non. Elles sont jeunes, elles sont divinement belles ; ne croyez pas aux calomnies qui rampent derrière la jeunesse et la beauté, comme se traînaient à la suite du char triomphal, dans les ovations de Rome antique, ces squalides goujats de l’armée, vociférant des injures contre la couronne du vainqueur.

Elles sont jeunes. Il y a là des cœurs qui battent la fièvre céleste de la passion. Aimez, si vous pouvez, ou regardez aimer. Le mensonge, c’est la haine. Et si par cas il se trouve en cette gerbe de sourires un sourire flétri, une Étude déjà trop éditée, pardonnez-lui et regardez ailleurs.

Le bal était splendide. Le Tout-Paris des chroniqueurs y assistait en masse. Le million n’est pauvre que dans son intimité ; aux jours solennels, à moins qu’il n’ait trop hardiment traîné sa robe nuptiale, il voit son hospitalité acceptée. Parfois cela lui coûte beaucoup, mais ce n’est jamais trop cher. Une foule de gens, d’ailleurs, dont on ne soupçonne point les appétits d’affaires, ont besoin de lui. Les salons du baron Schwartz étaient littéralement émaillés de grands noms : la cour y était représentée ; le faubourg Saint-Germain, et j’entends parler du plus pur, y avait envoyé une suffisante députation ; les lettres, les arts, l’argent, trois royautés, y foisonnaient, couronnes en tête ; l’armée, la magistrature, la diplomatie tressaient le long des fastueux lambris une guirlande de générales, de présidentes et d’ambassadrices. Guebwiller, alma mater de cette prodigieuse dynastie des Schwartz, eût été bien fière de