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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/348

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les trois jeunes gens dont un seul, Michel, avait une ombre de notoriété. Cependant, on parlait d’Étienne et de Maurice en même temps que de Michel. Ils étaient, disait-on, les voisins de ce Bruneau. Ils faisaient — qui avait mis sur le tapis cet insignifiant bavardage ? — ils faisaient un drame avec l’affaire Maynotte.

Nul ne connaissait l’affaire Maynotte, et pourtant, on racontait l’histoire de la nuit du 14 juin 1825, à Caen. Qui donc prenait tant de peine ?

Des personnes complaisantes. On ignorait leurs noms : c’étaient des invités. Dans un bal comme celui où nous sommes, je mets en fait qu’il y a toujours, au bas mot, un demi-cent de seigneurs que nul n’a présentés et sur le visage desquels le maître de la maison lui-même ne saurait pas écrire un nom.

Ceux-là, quels qu’ils fussent, ne manquaient point au bal de M. le baron Schwartz. Ils parlaient, et jamais les nouvellistes innocents ne font défaut pour colporter les paroles.

Edmée, cette délicieuse créature, avait sa part des cancans. On l’avait vue maîtresse de piano ; on la retrouvait parée simplement, mais d’une façon si charmante ! avec Mme Schwartz, elle avait les honneurs de ce succès qui consiste à concentrer sur soi toutes les jalousies éparses. Était-elle de la famille ? Alors, ces Schwartz tenaient par tous les bouts au roman sombre qui confusément se racontait, car une jeune fille avait été trouvée sur le même banc que la comtesse Corona, une jeune fille évanouie, la nuit, seule. Des voix inconnues avaient prononcé le nom d’Edmée. Il y avait des liaisons entre elle et ce Bruneau, et elle habitait la maison des « Trois jeunes gens, » et… que sais-je !

Maintenant, croyait-on à tout cela ?