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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/349

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Paris, vous le savez bien, croit et ne croit pas ; il se connaît ; il a conscience d’être la forêt aux miracles. Il bavarde froidement, colportant ces impossibilités qui le lendemain deviennent de l’histoire. Il n’y croit pas, non. Seulement, quand la chose est une fois arrivée, la chose absurde, invraisemblable, impossible, il cligne l’œil de Voltaire et vous demande avec la bonne foi de Beaumarchais : ne vous l’avais-je pas bien dit ?

On ne croyait pas, mais on regardait passer le baron Schwartz, digne et courtois, sous son embonpoint conquis. On l’écoutait dire aux dames avec l’accent de cette langue d’or, parlée par les israélites :

« Aimable au dernier point, madame la comtesse. Reconnaissant de la grâce que vous nous faites, monsieur le duc. Véritable honneur pour nous, madame la marquise… »

En ayant soin, malgré ses habitudes laconiques, de ne jamais oublier un titre. Il allait, comme c’était son devoir, à tous ceux qui avaient droit. Non-seulement il n’y avait sur son visage ni inquiétude ni abattement, mais les observateurs croyaient y lire une allégresse intime ou le travail d’un grand espoir.

La passion, une passion vraie, jeune, il faudrait presque dire naïve, allumait sa prunelle, quand son regard rencontrait la radieuse beauté de sa femme.

M. Lecoq lui avait glissé quelques mots en passant. M. Lecoq de la Perrière marchait accompagné d’un adolescent de haute taille, très beau, quoique un peu lourd, et remarquable par son profil bourbonien.

Le mariage de Blanche avec ce jeune fou de Maurice n’était pas encore accompli. Chacun pouvait voir comme M. de la Perrière était bien conservé, et pour tant faire que de céder la place, lui qui avait été le fiancé officiel… Écoutez ! Là était peut-être la raison de ce