Aller au contenu

Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/382

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De toutes les choses que nous avons racontées, ici et au précédent chapitre, rien n’avait transpiré, dans le bal, où le plaisir, au contraire, dominant de vagues préoccupations, prenait franchement le dessus.

Nous ne prétendons apprendre à personne qu’après une certaine heure et une fois franchi un certain degré dans l’échelle d’opulence, une fête ne s’aperçoit absolument pas de l’absence des maîtres de la maison. Cinq conviés sur dix, normalement, sont destinés à ne pas les entrevoir de toute la nuit.

La porte du couloir conduisant des appartements de M. Schwartz aux bureaux, en passant par le logis de M. Champion, était ouverte. André Maynotte en passa le seuil le premier. L’ancien commissaire de police et le magistrat suivirent.

Les lampes qui d’ordinaire éclairaient ce corridor étaient éteintes.

Une lueur faible venait seulement derrière eux par la porte du vestibule.

Ils marchaient tous les trois en silence. Le couloir avait toute la longueur de la cour. Arrivé à moitié chemin, André s’arrêta et dit :

« Vous faites trop de bruit, messieurs, celui qui est là ne parlera point, s’il me sait accompagné.

— Où nous menez-vous ? demanda le conseiller dont la voix était calme.

— Je dois vous prévenir que je suis armé, ajouta non sans émotion l’ancien commissaire de police.

— Moi, je suis sans armes, » dit André.

Il poursuivit, répondant au conseiller :

« Je vous mène à la connaissance de la vérité, touchant un crime que vous eûtes à juger autrefois, et un autre crime que vous aurez à juger demain, le vol de la caisse Bancelle, le meurtre de la comtesse Corona.