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Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/138

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deste Cure ne leur permettent pas de souscrire à un journal ; et cette excuse-là encore est de celles qu’on accepte de bon cœur.

D’autres enfin nous disent : « À bientôt. » Messieurs, L’Événement sera le premier au rendez-vous.

À côté de ces généreux lecteurs, il y a des gens accablés de rentes, qui prennent épouvante à la seule pensée qu’ils auraient à payer l’abonnement. Ils se sont empressés de renvoyer le numéro-spécimen ; le lendemain, ils ont expédié un messager chargé de s’assurer si nous avions reçu le numéro renvoyé ; puis, ils sont venus eux-mêmes voir si leur nom était bien effacé. De peur d’erreur, ils ont ajouté une rature à celles qui le couvraient déjà ; une de ces bonnes et grosses ratures qui font tout disparaître, majuscules, petites lettres et traits. Après cela, ils sont partis rassurés.


Il ne me reste plus qu’à me procurer des polémiques. En voici la recette.

Le matin, en se rendant à son bureau, le journaliste rencontre un de ses adversaires politiques ; ils font un bout de chemin ensemble, causant de la pluie et du beau temps, et se séparent sans avoir échangé leurs cartes.

Le journaliste arrive à son bureau. Installé dans son fauteuil, il se demande sur quoi il va écrire aujourd’hui. Pas le moindre sujet d’article. C’est en vain qu’il repasse en sa mémoire les vieux thèmes sur lesquels il a tant de fois brodé d’étincelantes variations : la verve tarde à s’allumer.

Machinalement, il en vient à songer à son compagnon de route de tout à l’heure. Il avait l’air fort heureux et l’on écrirait un article, même très-vif, contre lui, que cela n’assombrirait pas un seul des sourires qu’il échange avec la fortune. Qu’un pauvre diable de député qui compte sur son indemnité parlementaire pour vivre, s’offense des traits qu’on lui lance,