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Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/339

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LA BIBLE LATINE. ‘ 3% éloquence non pas apprise, mais native, et celle-la diffère de celle que vous aimez autant que diffère des artiüces d’une courtisane la beaute d’une honnête femme. Mais ccs gens-la mêlent toujours le sacré à profane. C’est aussi ce qu'avait fait antérieurement Sébastien Castalion, qui, dans la p1·é- face de son Moscs latinus, attriluuait ii Moïse tous les arts, comme Plu- tarque l`avait fait pour llomère. lit cela avec un grand appareil, croyant faire une magnifique démonstration. Comme si Moïse n’avait pas écrit sous une impulsion divine, sans la moindre préoccupation d`un art quel- conque fl L’autre passage n’est pas moins piquant. C`est une réponse ai Théodore de Beze, qui a son tour attribuait à saint Paul l’cloquence de Démosthene, le génie de Platon, etc. 1 ' Cela me rappelle, dit Castellion, les peintres qui, pour honorer la mère du Christ, nous la représentent avec des habits de reine; et pour· tant, forcés par l‘histoire, ils peignent à côté d’elle une crèche qui sert de berceau a l’enfant.Jésus. Ils ne comprennent pas que la gloire de Marie c’est sa pauvreté, et ils la chargent de richesses. De meme la gloire de` Paul, c’est son ignorance du beau langage, et ceux-ci veulent qu'il en ait un art consommé! Je dirais plutot, moi, du style de saint Paul qu’il n’y a rien de plus dépourvu de mérite littéraire, si -l'on fait abstraction du souffle qui l’inspire; mais qu’il n’y a rien de plus excellent que cet esprit qui l’anime 2. Il nous reste E1 montrer, par un exemple ou deux pris au hasard, ce qu’est, a tout prendre, cette version prétendue eicé- ronienne et qui n'est que latine. Voici d'abord une page de la Genèse : His rebus ita peractis, Deus Abrahamum tentavit ad hunc modum ; « Abraliame », inquit. Cui ille': « quid est? >> — « Adhibe n, inquit, « ûlium tuum unicum, quem deamas, Isaacum, et, in terram Moriam profectus, eum mihi illic immolato super quodam monte quem ego tibi ostençlam. » Mane surgit Abrahamus et, clitellato asino, adhibitis duobus famulis et lsaaco filio, scissisque sacrificalibus lignis, in eum locum ire contendit quem ei dixerat Deus. Die terlio, locum procul animadvertens, famulis jubet 8 ut ibi cum asino prœstolentur, dum ipse et puer illo eant 1, Contra Calvini libellum, article 74, -— ·< Sie fecit antca.Seb. Castalio qui in prœfutione in Jlosem suum latinum Mosi tribuit omnes artes », etc. ——-Il faut remarquer ce mot anlea qui indique bien une manière antérieure, une premiere maniere abandonnée depuis par l’aateur. Quelques critiques se sont fondés sur ce passage pour soutenir que le Contra Calvini libellum n'ctait pas de·Castellion. (Voir plus loin, chapitre xav.) Mais nous avons déja vu plusieurs fois avec quel noble empressement Castellion confessait publiquement ou SCS CPPCUFS, 0\1 S65 torts, OU SBS Chüngcmühlü fiiflpllliûlî. 2. Seb, Casfcllionis Dcfensio suarum translalionunt, 'l5(5?,‘p. 203. 3. Notons comme une singularité que Castellion, latiniste consommé ·— personne ne l'a u jamais contesté, — a cependant conservé, jusque dans les dernières éditions de sa Bible, un certain nombre de négligences ou de fautes de latinité d`autant plus étonnantes que ce sont_toujours les memes. Il semble s'y être habitué jusqu`a no plus les remarquer zjubere alicui; evaderc in virunz; hactenus pour ad/muc; rcped:u·e, etc. · 21