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Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/213

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La tête et le cœur.

le temps, elle restera longtemps sur l’affiche et nous l’irons revoir.

— Non, je t’en prie ! me cria-t-elle en s’appuyant sur mon bras, et en levant sur moi son beau regard, noyé de larmes.

Ce fut un éclair.

Elle reprit sa marche silencieuse — à mon bras, et nous arrivâmes, sans nous parler, jusqu’au boudoir.

Je pressentais, chez elle, un de ces écarts de jalousie instinctive, irraisonnée, qui font plus de mal que les aiguillons d’une jalousie légitime.

La table était servie pour le souper, et nos deux couverts, rapprochés, étaient mis à l’angle de la cheminée.

— Soupons-nous ? me demanda-t-elle en se débarrassant de son chapeau.

— Certainement.

Elle sourit légèrement, d’un sourire triste et douloureux que je ne lui connaissais pas, et passa dans la chambre à coucher.

Quand elle revint, je fus émerveillé de sa coquetterie.

Elle avait passé son peignoir blanc, à næuds