Aller au contenu

Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

en première lecture et le Sénat en fit autant. Heureusement, le général Tricoche et le général Thibaudin, alors Ministre de la guerre, avaient autant d’obstination que de conviction. Leurs efforts ont abouti. La séparation des services entre l’artillerie de campagne et celle de forteresse est aujourd’hui un fait accompli.

Fig. 129. — Le général Tricoche.

Il n’était pas inutile de jeter ce coup d’œil en arrière, au début d’une étude aussi longue que celle que nous avons à faire. Décrire l’artillerie actuelle, c’est mesurer le chemin parcouru depuis 1870 jusqu’à ce jour, et comment le ferait-on sans citer au moins les noms des officiers généraux qui ont travaillé à l’œuvre gigantesque de la défense nationale ? Les noms des généraux Berge et Tricoche seront un jour populaires, en France, ainsi que celui du général de Reffye, qui, aux jours tragiques de la guerre contre l’Allemagne, fut l’auxiliaire le plus puissant du gouvernement de Tours et de Bordeaux. Ce qu’ont fait ces hommes de mérite et de cœur, nous le dirons dans les pages qui vont suivre. Nous décrirons les canons qu’ils ont fait construire et l’organisation, si rationnelle, qu’ils ont su donner à notre artillerie. Il était juste de leur rendre hommage avant d’entreprendre la description de ce que nous leur devons, en fait de matériel de guerre. Les Allemands citent avec orgueil le nom de Krupp, le créateur des usines d’Essen, le fabricant des premiers canons se chargeant par la culasse ; il faut que tous les Français connaissent aussi les noms des généraux de Reffye, Berge, Tricoche, des colonels Lahitolle et de Bange. L’artillerie française leur doit d’être ce qu’elle est : la première artillerie de l’Europe.


CHAPITRE PREMIER

l’artillerie française depuis 1870 jusqu’en 1875. — fabrication des premiers canons se chargeant par la culasse, avantages de ce système. — le général de reffye et le colonel lahitolle, précurseurs du colonel de bange. — description des canons de 7, de 5 et de 95. — système d’obturation des canons de 90 et de 95.

Dans les Merveilles de la science[1], nous avons exposé la découverte, faite par le général Treuille de Beaulieu, de la rayure des canons, artifice qui vint modifier de fond en comble les conditions de la tactique moderne, en augmentant, dans des proportions extraordinaires, tout à la fois la portée des pièces et la précision de leur tir. Malheureusement, le général Treuille de Beaulieu n’eut pas le loisir de poursuivre ses études, et de doter la France d’un puissant matériel d’artillerie. Il avait eu fort à faire pour lutter contre l’obstinée résistance des partisans de la routine et du statu quo.

  1. Tome III, page 432 (L’artillerie ancienne et moderne).