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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/194

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de 10 ; elles sont posées sur le tube, au diamètre de 300 millimètres, avec un serrage de 45 centièmes de millimètre. Les frettes du second rang, au nombre de 6, sont posées par-dessus les frettes du premier rang, au diamètre de 370 millimètres, avec un serrage de 55 centièmes de millimètre.

Le mécanisme de fermeture de la culasse est le même que celui du canon de 90 ; les dimensions seules sont différentes. Il en est de même pour l’obturateur.

Au début, on s’était contenté, pour modérer le recul, d’engager des sabots d’enrayage sous les roues de la pièce. Ce procédé étant insuffisant, la direction de l’artillerie a fait munir les affûts des canons de 155, de freins hydrauliques, du modèle 1883.

Le frein hydraulique représenté par la figure 160 (p. 188) se compose d’un cylindre dans lequel se déplace un piston P, guidé par une tige T. La tige T est reliée à l’affût B de la pièce ; le frein est attaché, en A, à un pivot en acier fixé sur la plate-forme. On verse entre le piston P et l’affût B un mélange de 60 parties de glycérine et de 40 parties d’eau. Le coup part, l’affût recule, en entraînant la tige T, et, par conséquent, le piston P. Au fur et à mesure que ce piston recule, il comprime le mélange de glycérine et d’eau, et la résistance de ce mélange augmentant progressivement fait obstacle au recul de la bouche à feu, et l’arrête assez vite. Une fois le recul limité, le mélange de glycérine et d’eau comprimé tend à se dilater, en repoussant le piston P ; le piston, à son tour, entraîne vers l’avant la tige T, laquelle ramène l’affût à sa position primitive.

Il est inutile d’insister sur les avantages de ce système. Autrefois, les mouvements de mise en batterie éveillaient l’attention de l’ennemi et lui permettaient de régler son tir ; l’application du frein hydraulique, qui rend inutile tout mouvement du pointeur, les a supprimés ; c’est double bénéfice de temps et de sécurité.

Le canon de 155 lance des obus ordinaires, des obus à balles, des boîtes à mitraille et des obus de rupture. Le type des obus de rupture n’est pas encore définitivement adopté. Tout ce que l’on peut dire avec certitude, c’est que ces projectiles, destinés au tir contre les coupoles cuirassées, seront en acier.

L’obus ordinaire est en fonte ; il reçoit une charge intérieure d’un kilogramme 400 de mélinite, et est armé d’une fusée percutante de siège.

L’obus à balles est en fonte aussi, un peu moins long que l’obus ordinaire, rempli de 270 balles en plomb durci, et de 450 grammes de poudre MC30. La boîte à mitraille contient 429 balles en plomb durci reliées entre elles par du soufre fondu ; elle pèse 40 kilogrammes.

La charge du canon de 155 est enfermée dans un sachet de toile amiantine incombustible ; le poids de cette charge varie avec le tir que l’on veut obtenir.

C’est une observation que nous ferons une fois pour toutes, et qui s’applique à toutes les pièces de siège : si l’on tire sur un but découvert, on emploie le tir de plein fouet et la charge normale de 8kilog,750 ; mais si l’on se propose d’atteindre, et c’est le cas le plus fréquent dans la guerre de siège, un but protégé par des épaulements, c’est au tir indirect qu’il faut avoir recours. Les charges affectées à ce dernier genre de tir, pour le canon de 155, sont de 7, 6 et 5 kilogrammes. Elles sont renfermées dans des sachets, comme la charge normale, et pour conserver à ce sachet une longueur invariable, chose nécessaire, puisque la longueur de la chambre à poudre du canon est toujours la même, on place au-dessus de la poudre un cylindre en carton.

L’affût du canon de 155, que nous représente la figure 161 (p. 188), est entièrement métallique, et permet d’utiliser le canon, soit comme pièce de siège, soit comme pièce