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Page:Fischbach, Le siège et le bombardement de Strasbourg, 1870.djvu/28

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la chambre que le projectile avait ravagée, et les visiteurs déposaient dans une tire-lire placée dans la rue un peu d’argent pour venir en aide au pauvre ménage.

Une autre famille, digne d’intérêt aussi, celle d’un colporteur, nommé Simon Blum, demeurant rue des Sept-Hommes, 6, avait eu à souffrir également dans cette nuit du 15 août. Un projectile entré par le grenier avait brisé des poutres, détruit des objets qui servaient au commerce de Blum, et allumé un tas de linge et de papier. Un incendie allait inévitablement éclater dans la maison, lorsqu’un des habitants, le seul qui eût encore sa présence d’esprit, se précipita au grenier et éteignit le feu. Là aussi les curieux affluaient et déposaient dans une assiette une obole au profit du pauvre colporteur, père de sept enfants.

Dans la rue du Saumon, sur la place Kléber, différentes maisons furent atteintes. Dans la rue du Jeu-des-Enfants, un obus vint frapper, dans son lit, une pauvre femme et lui coupa les deux cuisses. Deux obus tombèrent sur le Lycée, situé à côté de la Cathédrale et transformé en ambulance ; l’un d’eux brisa une corniche, à 50 centimètres au-dessus des fenêtres d’une salle remplie de blessés ; l’autre mit en pièces une dalle, une porte et des fenêtres. On s’empressa de faire évacuer les salles et de transporter les blessés dans les caves.

D’autres maisons encore furent atteintes par le bombardement, qui avait exercé ses ravages dans une espèce de demi-cercle parlant de la place Broglie pour aboutir ii la place Saint-Thomas.

J’ai dit qu’un vif émoi s’était emparé de la ville au moment où le sinistre bruit des obus l’avait réveillée. Et pourtant, il faut le dire, ce ne fut pas tout à fait une