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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/114

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représenter M. de Bernis parlant en chaire et agitant ses belles mains au-dessus des filles de Dieu.

— Seigneur, pensa Raton, comme le fiacre achevait sa course et ralentissait son allure, j’ai connu le plaisir dans ma chair, et j’ai ressenti l’amour ! Mais je ne m’en accuse pas. Comment ce bien aurait-il pu venir de la terre, puisqu’il est le même que celui que j’éprouvai devant votre image, et que ni M. le Duc ni M. Poitou n’ont pu me le faire connaître ? Oui, ces délices venaient du Ciel !…

Le fiacre n’était pas encore arrêté que la portière s’ouvrit et que M. Poitou se fit voir.

— Comme tu as été longue, Jarni ! La daronne s’impatiente… Prépare toujours mes écus, que je ne soyons pas mouchaillés par Rapenod.

Raton eut bien envie de soutenir à M. Poitou que Monseigneur ne lui avait rien remis, mais elle offrit sa peine à Dieu. Elle chercha dans sa gorge de quoi satisfaire M. Poitou et elle atteignit quelques pièces d’or qui dépassaient le compte.

Hust must ! fit Poitou dans l’ignoble langage qu’il croyait si séduisant. Avec ça, je vas picter à ta santu

Il partit en sifflant. Raton fredonna quelques mesures de l’air angélique de Pergolèse que Monseigneur écoutait peut-être encore en contemplant la belle M. M., et