Aller au contenu

Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rentrée de Mme la Duchesse, Raton fut questionnée sur sa bonne nourrice. Elle laissa voir qu’elle l’avait complément oubliée. Le Divin Maître tenait toute la place en elle, et si quelqu’un l’eût partagée, c’eût été M. de Bernis, que Raton ne nommait jamais que Monseigneur.

Mme la Duchesse revint à point pour ne pas surprendre Raton, attentive à la belle culotte de pou de soie, tandis que le Chevalier laissait folâtrer sa main dans toute sa portée, en fredonnant des airs de chasse. Mme la Duchesse comprit au regard de Balleroy que ses libéralités avaient écarté tout péril et qu’ils pouvaient reprendre le tête-à-tête interrompu, bien que le Chevalier eût préféré le continuer avec Raton.

— La pauvre Marquise est encore bien mal ! dit Mme la Duchesse, car elle tenait à sauver des apparences qui s’étaient pourtant fait voir sous un aspect de frivolité indubitable et sans l’excuse de lui gagner le Ciel. Mais, mon bon ami, je suis à présent menacée de la visite de l’abbé Lapin, que personne ne songe à appeler M. l’Abbé : vous n’ignorez pas qu’après avoir joué de la guitare dans les petits appartements de Versailles à la demande de la Reine, il chante maintenant au Palais-Royal, dans je ne sais quel théâtre de perdition.

— Oui, oui, fit le Chevalier. Je connais une de ses