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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/160

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qu’elle avait extrait de la jolie malle peinte, sa cachette ordinaire.

Cependant, M. Poitou, qui l’avait reprise la veille au soir en lui rendant au décuple les coups de M. Grand-Jean, s’offrit à lui chercher un fiacre, dans la secrète intention d’approfondir les raisons de son départ. Il protesta qu’elle n’en saurait trouver, Jarni !… Raton cherchait comment se défaire de M. Poitou sans lui donner de soupçon. Comptant sans la prévoyance de son protecteur, le singulier abbé, elle pensa qu’elle en serait quitte pour parler au cocher sitôt qu’elle serait hors de vue. Un fiacre attendait, comme par hasard, à quelques pas de l’hôtel. Avant que M. Poitou eût ouvert la bouche pour les questions qu’il méditait, deux hommes qui disputaient avec l’animation de l’ivresse bousculèrent M. Poitou et le firent tourner sur lui-même. M. Poitou témoigna d’une grande colère envers tant d’impudence, mais déjà le cocher ouvrait la portière devant Raton et la refermait sur elle en lui adressant un signe d’intelligence. Puis il grimpa sur son siège avec une agilité inconnue de ses pareils, et les jarni de M. Poitou furent étouffés par la cadence d’un quadruple sabot qu’un poète n’a pas hésité de rendre fameuse.

Le fiacre modéra son allure quand il eut passé les ponts et que son cocher ne soupçonna plus M. Poitou