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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/162

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Prière qui entretient et renouvelle le tissu de nos âmes, car elles ne seront jamais assez délicates pour essuyer vos divins Pieds ou leur servir d’un tapis moelleux. Je frotterai sans relâche le candélabre de la Foi qui nous éclaire et ne le laisserai pas se couvrir d’une rouille offensante. Je laverai de la serpillière, de l’eau bouillante et de la terre à foulon du Repentir les escaliers de l’Espérance, et je passerai la tête-de-loup dans le retrait du Péché. Après ce long labeur de chaque jour, votre ancelle diligente interrompra le repos de la nuit afin d’épousseter sur son corps la poussière de la Paresse, comme le lui a enseigné M. Peixotte…

Raton, mise en douce humeur par la manière dont elle avait quitté M. Poitou, se plut beaucoup à ces analogies plus ou moins lointaines entre les fonctions qu’elle venait de quitter et sa future vie de religieuse. Cette pieuse plaisanterie dans le goût mystique l’amusait encore, que la voiture s’arrêta devant le marchand de tableaux de la rue Saint-Sauveur, dont elle n’avait pourtant pas donné l’adresse.

Il sortit de la boutique un grand vieillard enveloppé d’une robe de chambre du temps du feu Roi et coiffé d’une calotte de velours noir. Sa barbe bifide, ses cheveux blancs qui retombaient en boucles sur son col lui donnaient l’air d’un patriarche. Il ouvrit lui-même la