Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/163

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portière et offrit la main à Raton pour l’aider à descendre, après avoir payé le cocher sans discussion, comme d’un prix fixé d’avance.

— Je suis, dit-il avec l’accent de M. Peixotte, M. Gomez, l’antiquaire, qui vous reçoit au nom de Mme Gourdan que vous verrez tantôt. Donnez-vous la peine d’entrer chez moi, Mademoiselle, vous y trouverez l’abbé qui se livre à ses occupations favorites, autant dire à la fainéantise.

Doucement poussée par M. Gomez, Raton pénétra dans la boutique d’où sortait une voix flûtée accompagnée d’un bourdonnement de guitare. Assis dans la pénombre, devant une table chargée de bouteilles, de verres crasseux, des reliefs d’un déjeuner et d’objets inattendus, l’abbé semblait n’être troublé ni par le roulement du fiacre, ni par l’entrée de la visiteuse, ni par son hôte qui traînait péniblement ses savates. La tête basse et dodelinante, l’oreille attentive aux sons que sa main faisait naître, il chantonnait un air que Raton connaissait déjà pour l’avoir entendu la veille :

Robin a des sonnettes
Au bas de sa jaquette,
Qui font der lin dindin.
Maman, j’aime Robin,
Maman, j’aime Robin !