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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/175

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plutôt je le sais trop bien. Ton doux Galiléen n’est, à tout prendre, qu’un incendiaire, un boutefeu qui rôde autour des poudres.

— Il ne fallait pas avoir de poudre… Il t’appartient vraiment de défendre les Publicains et les Pharisiens, toi qui viens d’empocher cinq cents livres d’un objet dérobé, et qui sers de paravent à la prostitution ! Car, ajouta l’abbé en remplissant les verres, cette retraite paisible et poussiéreuse où s’entassent de douteux tableaux de maîtres, dont la plupart représentent des Vierges et des Saints, n’est que l’antichambre d’un bordel. Sache-le, Raton, nous montons dans la galerie où tu vois ces vieux tapis plus éprouvés que les pavillons de la bataille de Lépante, nous poussons un huis délabré, et nous pénétrons dans le lupanar de la rue voisine, celle des Deux-Portes-Saint-Sauveur, qui a rendu Mme Gourdan si célèbre. À ta santé, vieux sycophante !…

« Mais que cette rue des Deux-Portes-Saint-Sauveur est donc bien nommée ! Je ne le dis pas par allusion à la porte secrète de notre hôte, que bénissent les débauchés craintifs : je parle au figuré. Pour la plupart l’entrée de Mme Gourdan, autrement dite la Petite-Comtesse, est une porte de perdition. Pour d’autres, dont je ne connais présentement qu’un exemple dans la personne de notre compagne, elle est la porte du salut. Je veux croire