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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/241

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des tenailles, des faisceaux de verges de bois et de fer, deux ou trois espadons du temps du roi Henri, des hallebardes, et des chevalets en forme de croix de Saint-André. Enfin, l’on y voyait un squelette : il semblait d’autant plus ricaner de la folie des vivants qu’un corbeau empaillé extirpait ses idées noires en lui picorant l’occiput.

— Je vous présente mes hommages, Mesdemoiselles ! fit M. de Mazan, tout vêtu de peluche noire, et qui, sur un corps long et mince, portait une tête blonde aux cheveux bouclés. Ses yeux bleu pâle étaient d’une fixité déconcertante.

Sans plus ajouter rien, il jeta son chapeau sur une escabelle, baisa la main de chacune avec solennité et se mit à table entre la Belle et la Boiteuse, qu’il avait conviées d’un signe à lui tenir compagnie. Les trois autres prirent siège en face. L’abbé Lapin, que M. de Mazan avait dédaigné d’apercevoir, se tenait assis en réserve, sa guitare sur les genoux, et caressant un nez qui s’allongeait de mélancolie.

Le silence de M. de Mazan glaçait les quatre Sylphides qui n’attendaient qu’un mot pour se livrer aux écarts, aux plaisanteries de la crapule d’après les instances de la Mère, et Raton demeurait les yeux baissés, se demandant que pouvait signifier ce décor étrange, sans toutefois