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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/252

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Souffrir, aimer, c’est mon délice,
Je ne veux plus d’autre plaisir ;
Tout le reste m’est un supplice :
Aimer, souffrir, c’est mon désir !

Perdez-moi en vous, ô ma Source,
Comme une goutte dans la mer !
Mourir ou aimer sans ressource,
Car tout le reste c’est amer !

Je suis pure quand je vous touche,
Vos baisers font la sainteté,
Et quand mon cœur vous sert de couche,
De joie il est tout transporté.

L’amour m’a fait un épithème
Qui me blesse et me fait languir ;
Bien que ma douleur soit extrême
Je ne voudrais pas en guérir !

— Cela n’est pas trop mal pour une nonne ! fit M. de Mazan lorsque tout le monde se fut rassis. Toutefois, plus que les hiatus, chevilles et faiblesses d’expression, cet épithème me soulève le cœur ! Sans doute, la vieille biche énamourée a-t-elle écrit ces carmes à l’infirmerie durant qu’on lui posait un cautère… Néanmoins, je vous remercie, mes enfants : vous chantez à ravir !…