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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/288

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galeries du Palais-Royal, où, terreur des filles, des greluchons et des vieillards lubriques, il n’arrêtait de déambuler que pour ses gribouillages mystérieux à la lumière des spectacles et des lanternes. Il le traiterait de suppôt de Satan, de cacograpbe, d’infâme soléciste et de pervers ! Quant à Nicole, elle ne pouvait comprendre que l’on marquât tant d’exactitude à un amant qui ne se manifestait plus, et elle impatientait Raton par des exemples tirés de ses amours.

Enfin, Raton parut consolée, faisant de son mieux pour remplir son dessein, c’est-à-dire contentant les visiteurs par sa politesse et sa complaisance. Elle apportait même la coquetterie et l’adulation nécessaires pour obtenir, contrairement à l’usage, qu’on lui remît son cadeau d’avance : elle ne voulait plus être frustrée de son gain. La Mère n’avait qu’à se louer de sa conduite, quand un jour elle la prit à l’écart en lui montrant un front sourcilleux. Elle froissait un pli qui semblait l’avoir mise dans l’inquiétude.

— Ma pauvre Raton, il va falloir nous séparer ! Je redoute fort de m’attirer de grands ennuis à ton sujet. Les tiens seraient plus grands encore ! Je ne te dis rien de plus : tu connaîtras trop tôt, hélas ! la cause de ton départ !…

Comme Raton commençait de verser des larmes et se pâmait dans ses bras :