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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/289

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— J’ai vu, s’empressa-t-elle d’ajouter, j’ai vu qu’il te manquait quatre cents livres pour être heureuse. Les voici, avec ton petit magot dans un sac de lustrine. Resserre bien le tout, fais tes adieux, et va mettre tes habits. Le fiacre t’attend en bas, devant la boutique de M. Gomez. Il te mènera où tu voudras. Adieu, ma fille chérie, la plus douce et la plus belle ! Adieu, prie pour moi, qui me sens déjà touchée par la Grâce, ainsi que pour tes sœurs à qui va manquer quelque chose ! Adieu…

Là-dessus, la Mère essuya deux ou trois larmes que, depuis la mort de la Pâris, son ancienne associée, elle n’aurait pas cru renfermer en son cœur inexorable. Les vingt Sylphides, voyant pleurer ces deux femmes qui répétaient adieu ! adieu ! les entourèrent en poussant de faibles gémissements.

Quand elles apprirent que Raton les quittait pour toujours, ce fut un concert de lamentations entrecoupées de pourquoi et de demandes déguisées. Mais la Gourdan ne leur répondit que par le silence et se retira pour n’être plus questionnée, entraînant Raton et Nicole avec elle. L’abbé Lapin fendit la presse et les suivit sur un signe. Il s’était dépêché de prendre la Bible de Royaumont, l’Âme amante de son Dieu et l’Ordinaire de la Messe. De son grand mouchoir rouge à pois noirs, il faisait retentir les corridors des accents de la douleur. La Superbe