Aller au contenu

Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passerais l’affe que ce serait tout de même. Comme ils disent, nous ne sommes pas « nés ». N’empêche que sans mon astic de roturier, le bâton, enfin, avec quoi j’avais à me défendre de la mousqueterie des Godons, M. le Duc en tenait dans la tripe. Si je ne suis pas né, il serait bel et bien côni… Mort, quoi !… Mais Dieu conserve M. le Duc !

« Allons, ajouta Poitou, entrons icicaille !… »

Ce disant, il enlaça la fillette afin de lui faire descendre deux marches. Il profita de son hésitation pour la baiser sur la nuque.

— Non ! laissez-moi, laissez-moi, vous dis-je, Monsieur Poitou ! fit Raton en se débattant si brusquement que le laquais alla donner contre le chambranle. Le beau coffre enluminé glissa dehors dans la crotte en répandant son contenu.

Reluquez-moi ce guerluchon de quarante-cinq longes ! cria de l’intérieur un homme vêtu comme Poitou et qui buvait avec des gens de mauvaise mine coiffés de grands chapeaux de cuir et fumant de courtes pipes de plâtre. Voilà comme on s’y prend quand on est maladroit, qu’on veut forcer les rupioles et qu’on est quasi grison !… Ça t’apprendra, vilain vieux rufian de pucelles !

— De quoi te mêles-tu, toi, de gouailler le monde, perroquet à foin, meuble du Châtelet, marionnette de