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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/31

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pilori, tableau de la Grève ?… Veux-tu que je te guerdonne d’une giroflée à cinq feuilles ?…

Et Poitou, faisant le faraud, avança de quelques pas dans la salle enfumée.

— Tu ferais mieux, reprit l’autre, de rentrer chez ton maître et de lui demander des nouvelles de La Chalotais ! Merdié ! je sommes ici queuques-uns qui pouvons t’y conduire si tu n’es pas pressé de la commission !…

Les gens de mauvaise mine se levèrent en secouant leurs pipes sur l’ongle du pouce et en remontant leurs ceintures. Poitou recula prudemment dans la rue, où Raton ramassait ses nippes en pleurant. Déjà, le monde s’attroupait curieusement autour d’elle. On riait d’une pomme de Calville échappée du coffre, et qu’un gamin entamait à belles dents.

— J’en tâterais bien de deux autres !… fit un quidam avantageux.

— Partons ! dit Poitou. M. le Duc n’aime pas les affaires… D’ailleurs, ils sont une demi-douzaine de crocheteurs du Port-au-Foin. Des valets comme celui qui vient de nous injurier nous font traiter de coquins, de coureurs et d’ivrognes. Les honnêtes gens comme nous en pâtissent. Mademoiselle Raton, il ne faudra parler de tout ceci à personne, car cet homme appartient à M. le Duc de Choiseul, qui est au plus mal avec M. le