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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/300

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cherché et ne l’ai point trouvé. Je me lèverai, je ferai le tour de la ville, et le chercherai dans les rues et les places publiques. Les sentinelles qui gardent la ville m’ont rencontrée : N’avez-vous point vu Celui qu’aime mon âme ? Lorsque j’eus passé au delà, je trouvai Celui qu’aime mon âme ; je l’ai arrêté et ne le laisserai point aller. Que vous êtes beau, mon bien-aimé ! Que vous avez de grâces et de charmes ! Notre lit est couvert de fleurs ! »

Quant à Mme la Duchesse, elle se laissait mener par les rues et les places publiques, sans espoir de rencontrer son Chevalier. Du reste, elle ne pensait ni ne rêvait à lui : elle dormait la bouche ouverte en poussant d’heureux ronflements.

Enfin, le carrosse s’arrêta devant le Carmel, et, comme Mme la Duchesse s’étonnait au sortir de son sommeil, il fallut que Raton lui rappelât le but de leur visite.

— Tu as bien sur toi tes cinq mille livres, mon enfant ? fit-elle, encore endormie et avec une pointe d’inquiétude, en attendant que s’ouvrit la porte que le cocher heurtait du marteau.

Introduites dans un petit parloir peint à la chaux et meublé de chaises de paille, elles s’assirent en attendant l’abbesse, qu’une converse taciturne et glissant comme