Aller au contenu

Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Laissez, Madame ! dit la Prieure, qui ne put retenir un rire dont on ne l’aurait pas crue capable. Cela est charmant et témoigne d’une âme ingénue, d’un cœur spontané… Quoi ! une tirelire ?… Mais c’est enfantin !…

Dans le mouvement que fit Raton, le trésor accru par les vingt Nymphes d’impureté échappa à sa main tremblante et tomba sur le carrelage avec un bruit de pot cassé, auquel succéda un concert de voix argentines qui semblèrent intercéder de tous côtés en faveur de la postulante.

Raton, moins confuse de son geste irréfléchi que de sa maladresse, se mit à pleurer, les mains sur son visage.

— Allons, ma chère enfant, dit la Prieure, n’ayez pas de honte pour un petit accident dont il convient plutôt de s’amuser. Nous reparlerons de la dot tout à l’heure. Mais qu’entendez-vous par votre vocation ? Avez-vous bien tout pesé ? Vous êtes-vous fait une juste idée de notre existence ? Ou bien n’est-ce là qu’un de ces coups de tête si fréquents à votre âge et qui n’ont parfois d’autres causes qu’une amourette contrariée, des remontrances trop vives, une condition difficile, ou une appétence d’oisiveté ? Mon rôle est plutôt de vous décourager, et je ne saurais mieux faire que de vous