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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/32

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Duc d’Aiguillon. Il est inutile de rappeler à nos maîtres des ressentiments qui les mettent de mauvaise humeur et les indisposent contre nous.

— Holà, l’Aiguillon ! C’est ainsi que tu nous piques ! cria la voix de l’autre valet, devenue goguenarde.

Mais Poitou pressa Raton davantage.

— Sommes-nous encore loin de la maison ? dit Raton.

— Seulement d’une portée de mousquet, dit Poitou.

— Ça fait combien ? dit Raton.

— Ça fait le temps de sécher tes larmes et de te moucher quinze fois, dit Poitou.

« Morveuse ! » ajouta-t-il entre ses dents. Puis haut :

— Si j’avais pris mon bâton de Saint-Cast, on en aurait vu de belles, ah, Jarni !… Il aurait vengé mon maître de Choiseul et La Chalotais. On lui doit déjà la vie…

Là-dessus, M. Poitou garda le silence de la dignité offensée et de la valeur dans l’infortune.

Raton se serait bien retournée pour s’assurer que les méchants hommes ne les suivaient pas. Mais elle craignit d’indisposer M. Poitou et de s’en attirer des remarques. M. Poitou ne s’était pas montré brave. M. Poitou prenait avec elle des libertés. M. Poitou l’aurait entraînée contre son gré dans un lieu défendu