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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/324

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le voile ramené jusqu’aux sourcils, les unes filant la quenouille, les autres découpant des fleurs pour l’autel, ou bien rapetassant ces alpargates qui ne trouvent d’ouvrier que delà les monts. À la vue de Mère Marie-Thérèse de Saint-Augustin et de la visiteuse en qui elles devinaient une postulante, elles s’étaient mises sur deux rangs, priant en silence, les mains sous leurs scapulaires.

— Ma Sœur Raton-Deodata, âgée de dix-huit ans, avait dit la Prieure. Rendons grâces à Dieu !

Puis elle l’avait embrassée. Raton avait fait de même aux deux rangées de Sœurs, dont quelques-unes eussent bien souffert le rasoir du barbier. Cependant, Raton les compara toutes à des fleurs qui se seraient nommées sur deux haies d’églantines, l’une rose, l’autre blanche, tant leurs noms lui semblaient odorants et purs, qu’elles faisaient suivre d’un : Deo gratias ! C’étaient Sœur Adrienne des Anges, Sœur Scolastique-Suzanne de Saint-Bernard, Sœur du Cœur de Marie, Sœur Rose de Saint-Jean de la Croix, Sœur Angélique de l’Enfant-Jésus, Sœur Marie de la Providence, Sœur Euphrosine de Sainte-Madeleine, Sœur Maxence de l’Annonciation, et plus de trente autres encore qui sentaient la primevère et le miel, sans oublier Sœur Marie-Sophie de Sainte-Anne, vénérable Sous-Prieure. Le nom de Raton voletait