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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/372

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que vous répandez une odeur balsamique assez puissante pour troubler, et même incommoder. Vous ne pouvez pas, vous ne voulez pas me dire où vous la recélez ? Eh bien, vous n’irez plus au jardin : vous y cueillez sans doute des fleurs ou des herbes en cachette. Relevez-vous. Allez changer de linge, et lavez-vous, je l’ordonne !…

Ainsi de suite. Mais ce qui coûta le plus à la pauvre Raton qui se confessait chaque jour, ne trouvant de refuge et de réconfort qu’auprès de M. Rigaud, fut l’interdiction de cette pratique quotidienne.

— Le samedi seulement, avait dit Marie-Thérèse, et la communion seulement le dimanche. Puisque vous n’avez rien à m’avouer, Deodata, qu’avoueriez-vous donc à votre directeur ? Aussi bien la confession, la communion si fréquentes, ce sont des sensualités spirituelles mal déguisées, dont le résultat est de consommer les forces du corps sans profit pour l’âme, écrivit en substance notre sainte Fondatrice.

Ce qui sauvait encore à moitié Raton d’une hostilité générale et ouvertement déclarée, était qu’elle n’avait pas eu de vision publique. Comme le fait ne pouvait manquer de se produire, il arriva peu de temps après, à Matines, vers la fin de l’Hymne Quem terra pontus. Levant les yeux vers l’autel, elle vit se substituer au tableau de l’Annonciation le Calvaire de l’ermitage.