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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/383

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lui envoya, pour qu’elle les bénît, la robe et le bonnet de l’infant dont elle était grosse et qui devait être Philippe II. Le démon lui était apparu dans son enfance sous la figure de Jésus crucifié. À deux reprises dans sa vie, il lui commanda de se crucifier comme lui, ce qu’elle fit en s’appuyant contre des clous qu’elle enfonça dans le mur. Elle voyait des démons qui se donnaient pour saint Jérôme, saint Dominique, saint François et saint Antoine. Elle voyait encore la Très-Sainte Trinité ! Cependant toutes les nuits, elle prenait commerce avec Satan, et l’un de ses satellites nommé Python, tous deux travestis en séraphins tombés du Ciel. Elle prétendait ne se nourrir que d’Eucharistie, elle feignait des extases, elle montrait ses stigmates aux jours de fête, et elle prétendait que la colombe qui se plaçait dans le chœur contre son oreille n’était autre que le Saint-Esprit. Mais c’était le Diable, Monsieur ! le Diable qui la tentait dans sa chair et son orgueil : n’avait-elle pas consenti au pacte en échange d’une renommée toujours grandissante et de tous les plaisirs que concevrait son imagination pervertie ? Voilà, Monsieur, un exemple qui nous doit faire douter de l’origine divine de l’extase et des stigmates, surtout quand il est manifeste que Satan s’est déjà montré, que l’extase est consécutive à la vision dont votre pénitente même n’oserait nier