Aller au contenu

Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/384

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le caractère démoniaque. Retro Satanas ! a-t-elle crié…

— Madame, avait répondu l’abbé Rigaud, il est certain que l’Enfer peut simuler bien des choses. Mais il est des cas où sa marque est évidente, et quelques autres où il n’apparaît jamais, qu’il ne saurait contrefaire. J’ai déjà dit à ma pénitente que la fausse révélation engendrait l’orgueil ; j’ajoute : non point la simple tentation lorsque l’on y résiste avec énergie. Or, au lieu d’orgueil, j’ai rencontré la sainte humilité. Quant à la tentation, vous fûtes témoin, Madame, que l’on y résista. Il ne me resterait plus qu’à vous parler de la Vision intellectuelle, de la présence invisible de Jésus-Christ au côté droit de sainte Thérèse, si vous ne saviez comme moi qu’elle est, j’ose le dire, inimitable. Je vous renvoie au cardinal Bona. Enfin, si ma pénitente ne s’en est pas ouverte à sa Révérende-Mère, c’est qu’elle craignait, apparemment, d’être rabrouée. Dieu m’a préservé, Madame, de la méfiance que témoigna le bienheureux Raymond de Capoue à sainte Catherine de Sienne, sa pénitente, et de la mauvaise volonté des prêtres que consultait sainte Thérèse sur ses révélations. Ah, Madame ! ayons de la douceur. Par là se manifeste la véritable autorité, toujours sûre d’elle-même. Au lieu que la crainte trahit la faiblesse et n’engendre, le plus souvent, qu’injustice et tyrannie…