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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/386

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personne avait assisté à la vêture en compagnie de femmes damnées. Il avait brisé sa guitare enchanteresse sur la tête d’un bon serviteur de M. le Duc !… Ce disant, elles se signaient en hâte et récitaient des Ave. Seule, la bonne Sophie de Sainte-Anne traitait ces racontars de billevesées et s’employait à soulager Raton dans la mesure de ses moyens. Celle-ci s’endormait entre ses crises d’un sommeil mystique qui la rendait plus belle encore. La Sous-Prieure choisissait ces instants pour laver le visage, les mains et les pieds sanglants de la novice qui s’étaient posés l’un sur l’autre, de sorte qu’il avait fallu couper les sandales. Elle lui faisait encore couler entre les lèvres quelques cuillerées de potage. La nuit, elle veillait à son côté, ou, plutôt, elle s’y installait, car la fatigue ne tardait pas à l’engourdir.

— Voyez-vous, Sainte-Anne, lui dit Marie-Thérèse la regardant laver Raton aux beaux seins orgueilleux, le coup de lance est au côté droit, alors que les auteurs sacrés s’accordent pour le situer à gauche. N’est-il pas vraisemblable que le soldat romain, nous assure Sanchez, voulut frapper au cœur ? Enfin, sainte Catherine de Sienne portait le coup de lance à gauche…

— Pardonnez-moi, Mère, répondit Sophie de Sainte-Anne non sans brusquerie, Catherine a dit elle-même que le divin rayon qui la perça partait du côté droit de