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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/387

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Notre-Seigneur, mais aussi qu’il la frappa en ligne directe. En ligne oblique, il l’eût donc atteinte à droite. En outre, j’ai lu que dans l’ancienne liturgie grecque c’était précisément le côté droit ; que c’est encore au côté droit que se voyait la plaie sur une antique médaille décrite par Juste Lipse. Quoi plus ?… Allez-vous chicaner sur le nombre de clous, sous prétexte que sainte Brigitte en a vu quatre, alors qu’il est plus commun de n’en compter que trois : deux pour les mains, et un seul pour les pieds. Vous savez bien que Madeleine de Pazzi, Marguerite des Anges, Agnès de Langeac, Catherine de Ricci et Gérardesque de Pise n’avaient qu’un clou aux pieds. Trois clous en tout, dis-je !… La bienheureuse Claire de Montefalco, et notre Révérende-Mère Thérèse portaient trois clous imprimés dans le cœur avec les autres instruments de la Passion. Trois clous, trois clous, trois clous !…

Le jour que Raton sortit de son extase entrecoupée de léthargie mystique, elle avait perdu la vue, comme si son Maître jaloux se la fût réservée pour lui seul. Ses plaies s’étaient refermées, ne laissant plus paraître, autour d’une croûte légère, qu’une congestion sanguine de la grandeur d’un écu. Pourtant, elle ne pouvait faire usage de ses membres. Une chaleur intense la dévorait qui se sentait à distance, au point que Sophie de Sainte-Anne