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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/45

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Tu prendras sur ma table la Bible de Royaumont. Je te la donne pour que tu la lises… Raton, mon enfant, il est malséant de se gratter de la sorte. Aurais-tu pris des puces ?

— Madame la Duchesse, ce ne sont point des puces. C’est M. Poitou.

— Ce rapprochement est inconvenable ! Que vient faire Poitou dans la question ?

— Ce n’est pas dans la question, Madame la Duchesse, c’est dans le gras de la fesse… Il m’a pincée. Il est très méchant, M. Poitou !

— Eh bien, raison de plus pour s’en tenir éloignée… Où en étais-je donc ?… Le plus attachant des romans… C’est cela… Nous trouvons encore dans la religion les plaisirs licites qui font rechercher le monde. Ainsi, tu entendras la musique des offices, qui est tantôt de feu M. Bach, tantôt de feu M. Lulli, tantôt de musiciens qui vivent encore et n’en sont pas moins illustres. Les dames y chantent à ravir, et l’on n’y est point gêné par les applaudissements ou la cabale du parterre. Mais tout cela, tu l’ignores, mon enfant. C’est pour toi de l’Algonquin. Sans doute connais-tu mieux la musette qui vous fait danser au village, ou la voix des chantres de l’église ?

Raton était à genoux devant sa maîtresse. Elle bouclait sa chaussure avec peine. Toutes ces bonnes paroles