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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/53

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Revenue dans sa chambre, elle s’était endormie sur une chaise, malgré qu’elle en eût, et la lettre du Chevalier à la main. Longtemps après, elle s’était éveillée en sursaut.

— Raton ! Raton ! où est la petite Raton ?… criait une voix flûtée.

Alors, elle s’était précipitée en trébuchant, sa lettre à bout de bras, et Mme la Duchesse lui apparut, toute ruisselante de brillants comme une fée des contes. Elle lui avait parlé si simplement que son cœur avait repris son cours normal et qu’elle avait allumé d’autres flambeaux sans trembler. Ensuite, Mme la Duchesse s’était abandonnée à ses soins pour qu’elle la déshabillât. Elle ne cessait de lui poser des questions avec volubilité et sans attendre les réponses. Le Chevalier de Balleroy par-ci, le Chevalier de Balleroy par-là. Comment avait-il entendu parler de Raton ? L’avait-elle vu ? Non. Serait-il bientôt à Paris ? Ah ! il errait comme Amadis !… Elle s’était endormie en babillant.

Raton, qui interrompait ses souvenirs de temps à autre pour attiser les charbons, se mit en devoir de repasser ses rubans. Le poivre lui chatouillait le nez et la gorge. Ses éternuements reprirent.

— À vos souhaits, Mademoiselle Raton ! fit une voix soudaine que Raton ne reconnut pas tout de suite