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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/55

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affolé d’vous. I’nous a chargée d’vous r’mett’ une lett’ où qui s’déclare. C’est un bon fieu que c’ti là, et i’saura vous désennuyer.

— Je ne sais pas lire l’écriture, dit Raton, qui cette fois ne le regrettait pas.

— Ça n’fait rien à l’affaire, dit Macée. J’la lis très bien, et pis M. Grand-Jean vous répétera tout ça d’vive voix. Seulement, il a voulu s’annoncer, et c’est moins facile de parler qu’d’écrire quanque c’est qu’on est amoureux. À la parfin, v’là c’qui met tout au long :

« Mamselle,

« J’aurions pu demandé à l’écrivin pue-blique de nous torché un billet doux, mais si le major d’hommes avait appris par des raports de Monsieur Rapenot ou du lourdier que je fussions sortit, j’aurions tété prié d’enfilé la venelle et de vous quitté là pou toujoux. Vous devez ben savei que je sommes tous tenus comme de povres gallériens que je sommes, à preuve que vous n’avez point décendue. Je vous aurions dit deus mots avec plaisi parce que vous me plaisés ben. Si c’est pas un refus de vote par, je vous le prouverons quanque vous voudrez et que niaura personne comme aujourd’hui. Ladesu, Mamselle, je suis Grand-Jean qui vous aime pour vous servi et qui na pas de secrets pour vous. »