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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/56

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— Qu’est-ce que vous en dites, Mademoiselle Raton ? C’est-il envoyé ?…

— Mademoiselle Macée, dit Raton en balbutiant et sans lever la tête de son ouvrage, M. Grand-Jean se donne bien de la peine pour moi. Je ne suis qu’une servante, mais je veux rester sage, et tout cela me semble mal.

— J’suis-t-une servante comme vous, Mademoiselle Raton. Je n’repoussons pas l’amour d’un homme, c’est vrai. J’avons justement le P’tit-Louis que vous n’avez pas manqué de remarquer, c’ti-là qu’est noir, avec un nez r’troussé et des yeux de malice. Il est justement l’ami du Grand-Jean. P’tit-Louis et Grand-Jean, ça va ensemble qu’on ne peut pas mieux… C’est quasiment le pouce et l’index. On irait tous quatre à la Courtille et j’y ferions notre effet… Où qu’est le mal ?… Voyez-vous, Mademoiselle Raton, ia qu’l’amour qui amuse et qui console les pauvres. Pourtant, faudrait pas creire que Mme la Dussèche s’en prive, elle qu’est riche à mïons, quand le Balleroy qu’est son bon ami… Quoi, vous l’savez ben !

— Monsieur le Duc !… annonça une voix emphatique.

Raton ne sut où se mettre. Ses larmes recommencèrent à couler. Elle se voila le visage de son tablier et s’effondra sur une chaise. Des rires étouffés répondirent à sa frayeur. Macée essaya en riant de la réconforter.