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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/160

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J’écoutai, je regardai… rien, aucun bruit, si ce n’est le coassement des grenouilles ; aucun être vivant, si ce n’est quelques chacals rôdant autour du cadavre de Lakdar, que je trouvai horriblement mutilé et flanqué de nos deux aigles, décapités comme lui.

Après m’être assuré que j’étais bien seul, j’enveloppai le corps et la tête de mon cousin dans mon burnous, et, l’ayant chargé sur mon épaule, je me dirigeai vers le fort où nous avions caché notre âne le matin.

Je le trouvai à la même place broutant l’herbe au pied du tamarin qui le retenait. Je me servis de la corde qui serrait ma tête pour attacher solidement mon précieux fardeau, puis je coupai à travers la plaine afin de gagner un sentier qui devait me faire arriver à notre douar avant le jour.

Je marchais depuis environ quatre heures sans avoir fait aucune rencontre, toujours suivi par quelques chacals que l’odeur du sang alléchait, lorsque mon âne s’arrêta tout court, dressant les oreilles et tremblant de tous ses membres.

J’aperçus aussitôt deux yeux brillants comme des charbons sur mon chemin et non loin de moi.

Habitué à ces sortes de rencontres, je m’em-