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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/161

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pressai de couper les liens qui retenaient le cadavre de Lakdar sur le dos de l’âne ; je le mis sur mon épaule comme devant, et pris à travers champs, laissant ma pauvre bête clouée par la peur sur le chemin.

Quand j’eus marché environ cent pas, j’entendis comme la chute d’un corps lourd qui est violemment jeté à terre, puis une espèce de râlement, puis plus rien.

Le lion ayant accepté le sacrifice que je venais de lui faire, je me rassurai sur mon propre compte et regagnai, en faisant un grand circuit, le sentier que j’avais quitté.

Peu de temps après, je rencontrai quelques cavaliers de nos parents qui allaient à notre recherche.

Après m’avoir entendu leur raconter ce qui s’était passé depuis le matin, ils voulurent aller à l’instant même venger la mort de Lakdar.

Je leur fia comprendre qu’ils n’étaient pas en nombre suffisant, que nous ne pouvions laisser là le corps de notre ami, et enfin que j’étais sans armes et à pied.

Un cavalier mit le burnous qui contenait les restes de Lakdar en travers de sa selle, un autre me prit en croupe et nous regagnâmes le douar avant que personne fût debout.