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Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/208

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Vous les laisserez passer et attaquerez celle-ci. Dans le cas où les lionceaux vous paraîtraient plus jeunes, soyez prudent, la mère n’attendra pas que vous l’attaquiez, elle ou ses enfants ; dès qu’elle vous apercevra, elle prendra l’offensive, et ce n’est pas chose facile que de se tirer d’un pareil duel. Exemple :

Dans le courant de novembre 1840, un lion avait étranglé et traîné un cheval au fond d’un ravin. Je jugeai par le pied que le lion devait être une lionne. Assis au pied d’un lentisque, j’attendis.

La première nuit, rien ; la deuxième, rien ; la troisième, de bonne heure, arriva la maman avec ses petits déjà assez grands.

Un d’eux flairait déjà le cheval couché, le ventre en l’air, dans le lit même du ravin. Il allait l’entamer, lorsque sa mère, qui s’était couchée, pour le voir faire, ayant regardé de tous côtés m’aperçut. Nos yeux s’étaient à peine rencontrés, que, d’un bond, elle sauta sur son fils, comme si elle eût voulu le dévorer. Le pauvre petit pris la fuite, et il ne resta devant moi que le cheval.

Un novice se fût dit : Que n’ai-je tiré plus tôt ! et eût regardé la partie comme perdue. Je savais que la partie n’était pas jouée, et qu’elle ne serait pas facile à gagner ; aussi mes yeux et mes oreilles faisaient merveille.